Qu’est ce qui se cache derrière les chiffres des compteurs ?

Les compteurs cyclo-piétons sont généralement installés sur des chemins réservés aux usagers actifs (Ravel ou Cyclostrades). Ils comptent le passage des cyclistes et/ou des piétons grâce à des boucles installées dans le sol (pour les vélos) ou un rayon infra-rouge (pour les piétons). Tous ne sont pas équipés d’un afficheur digital, et ils sont pour la plupart aussi discrets qu’un simple potelet.

Les chiffres d’un compteur nous indiquent combien de cyclistes ou de piétons sont passés à un endroit donné à chaque moment de la journée et de la nuit. Prises indépendamment, les données d’un compteur peuvent déjà nous enseigner certaines choses :

  • Atteste-t-on d’une pratique utilitaire de la marche et de la bicyclette ? Auquel cas, l’heure de pointe du matin et du soir (7-9h) montrera un pic, les jours de semaine seront plus marqués que les weekends, et on observera une moindre influence des saisons sur la fréquentation. Un compteur typiquement utilitaire est celui du quai Mativa à Liège.
  • Constate-t-on plutôt une pratique de loisir ? Dans ce cas, l’heure de pointe ne sera pas marquée, mais on observera plutôt une pratique de l’après-midi, des weekends, et de la belle saison. Un exemple de site de loisir serait celui de Raeren sur la Vennbahn.
  • La pratique est-elle robuste ? Perdure-t-elle à la mauvaise saison ou lors d’événements météo défavorables ?

Attention, si les chiffres d’un site dépendent de la pratique générale de la marche et du vélo dans une région, de la météo et des saisons, plusieurs facteurs locaux ou temporaires peuvent aussi les impacter sensiblement :

  • Les sites en milieu dense et urbain afficheront des chiffres plus importants. Plus d’habitants autour d’un compteur signifient plus de piétons ou de cyclistes potentiels.
  • La disposition du compteur dans le maillage du réseau cyclo-piéton peut avoir un grand effet. Si celui-ci est localisé sur une artère qui concentre les flux venant de plusieurs directions en une seule, les chiffres en sortiront gonflés. A l’inverse, s’il existe de nombreux chemins alternatifs, les flux seront dilués.
  • Dans certains cas, la présence de pôles générateurs de déplacements à proximité, tels qu’une grande école ou un centre commercial, apportera son lot de comptages.
  • Un événement ponctuel, tel qu’une course, une balade organisée, une grève des transports en commun peut aussi faire exploser les chiffres d’une journée.

Aussi, afin d’attester de l’évolution de la pratique, on essayera d’abord de comparer au cours du temps un site avec lui-même, en considérant que « toutes choses étant égales par ailleurs », on remarque une évolution positive ou négative de la pratique du vélo et de la marche sur ce site.  On comparera une année à la précédente, ou un mois au précédent, pour attester d’une évolution structurelle, ou saisonnière, de la pratique.

Peut-on dès lors tirer des enseignements d’ordre général à la Wallonie ? Bien entendu c’est un des objectifs poursuivis par l’installation de ces compteurs et la mise en place de l’Observatoire des Modes Actifs. Mais avant de tirer des conclusions, nous prendrons bien soin d’éviter quelques biais :

  • Si l’on prend le nombre total de passages enregistrés au cours d’une période, cet indicateur ne se suffit pas à lui-même. En effet, ajouter de nouveaux compteurs gonfle « artificiellement » les chiffres. En raisonnant par l’absurde, si deux compteurs étaient installés dans la même rue, les chiffres seraient doublés, or le flux resterait le même. On veillera alors plutôt à comparer les nombres de passages par site. Surtout que le nombre de compteurs n’a fait qu’augmenter au cours des dernières années.
  • Mais même le nombre de passages par site n’est pas exempt de biais. En effet, cet indicateur dépendra malgré tout de la localisation des compteurs à travers le territoire. Ajouter un compteur en milieu urbain dense aura un impact plus important sur cet indicateur qu’un compteur en milieu rural.

C’est pourquoi il ne faut jamais faire l’économie d’un regard critique sur les chiffres, et pour bien comprendre l’évolution de la pratique, il faut l’appréhender selon ses différents types (loisir ou utilitaire), et selon le milieu géographique (urbain, péri-urbain ou rural).

Mais ce n’est pas tout ! Ces compteurs ne sont pas infaillibles et, malgré les meilleurs soins que nous leur dispensons, il n’est pas impossible qu’ils tombent en panne ou soient victimes de vandalisme. Dans ce cas, les données cessent d’être collectées et cela peut affecter la qualité des analyses. 

2,6 % des déplacements wallons se font à vélo. On augmente ce chiffre ?
Donnée issue du Tableau de bord wallon de la Mobilité 2024