La cyclo-logistique, ça vous parle ?
juin 27, 2025

La cyclo-logistique, ça vous parle ?

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Cyclolo… quoi ? Un truc aussi dur à prononcer, ça doit pas être tout net.

Rassurez-vous, on va tout vous expliquer (ou presque). La cyclo-logistique, ça désigne tout simplement l’utilisation professionnelle d’un vélo pour transporter des objets. On peut distinguer trois grandes catégories de logistique à vélo :

  • La livraison de marchandises pour le compte de tiers : un coursier à vélo qui livre des colis vendus par différents magasins.
  • La livraison de marchandises pour son propre compte : un restaurateur qui livre ses repas à vélo.
  • Le transport de matériel dans le cadre d’une activité de service : un serrurier qui fait ses dépannages à vélo.

Pour ce faire, les cyclo-logisticiens peuvent employer un vélo avec une remorque, ou encore un vélo-cargo. Lequel vélo-cargo pourra aussi tracter une remorque (l’inverse est moins efficace… Vous suivez ?).

Vélo-cargo… un vélo croisé avec un escargot ! (ah ah ah) 

Très drôle… Si cyclologistique est la contraction des mots cycle et logistique, le vélo-cargo n’a rien à voir avec le gastéropode à coquille tant apprécié des gourmets. Le plus souvent électrique, muni de deux ou trois roues (bi- ou triporteur), équipé d’une plateforme ou d’un caisson situé à l’avant ou à l’arrière, suivi éventuellement d’une remorque, le vélo-cargo est spécifiquement conçu pour le transport de personnes ou de marchandises (d’où le terme cargo). Né dans la foulée de la bicyclette autour des années 1880, il se développe d’abord sous la forme d’un triporteur. C’est en 1920 au Danemark qu’est conçu le Long John, qui permet de charger jusqu’à 100 kg grâce à une plateforme basse. Avec le développement de l’automobile et l’étalement urbain, le vélo-cargo tombera dans l’oubli pour réapparaître au cours des années 1980 dans les centres-villes. On en trouve aujourd’hui de toutes formes, tailles et fonctions.

Transporter des marchandises à vélo ? Non mais sérieux, quoi…

Oui, c’est tout à fait sérieux. Aujourd’hui, on estime que 25 % de toutes les livraisons de marchandises et 50 % de tous les transports dans le cadre de services professionnels pourraient être réalisés en vélo-cargo. Le volume de chargement d’un vélo-cargo oscille entre 0,3 m³ et 1 m³, et la charge utile maximale, incluant le cycliste, entre 200 et 250 kg. Elle peut même atteindre 500 kg si l’on ajoute une remorque. Le potentiel du vélo-cargo est donc énorme, notamment avec l’explosion de l’e-commerce. Le vélo-cargo est la solution idéale pour le last mile delivery, c’est-à-dire pour livrer des marchandises sur le dernier kilomètre. Par rapport à une camionnette, il a l’avantage d’être moins encombrant et plus efficace, puisqu’il peut, par exemple, prendre des raccourcis, emprunter des contre-sens cyclistes et se garer au plus proche de sa destination. Pour une même tournée de livraison, le vélo-cargo offre un double gain, en distance et en temps, par rapport à une camionnette. C’est ce que montre l’exemple ci-dessous à Bruxelles où neuf magasins ont été livrés en camionnette et à vélo-cargo.

Ok, mais en Wallonie, c’est une autre affaire…

Détrompez-vous. La cyclo-logistique est en plein développement aussi en Wallonie. Et pour encourager l’utilisation professionnelle du vélo-cargo et soutenir les pionniers du secteur, la Région propose depuis 2024 une prime à l’achat de matériel de cyclo-logistique (vélos, vélos-cargos, remorques). Une septantaine d’entreprises, de travailleur·e·s indépendant·e·s, d’associations ou encore d’administrations publiques en ont déjà bénéficié. Les profils sont on ne peut plus variés. À côté des pure players (entreprises dédiées à la cyclo-logistique), on retrouve : des sociétés de transport traditionnelles qui diversifient leurs activités, mais aussi des restaurants, des boulangeries, des coiffeur·se·s à domicile, des kiné·e·s, des infirmier·e·s, des sages-femmes, des entrepreneur·se·s en bâtiment et en parcs et jardins, des réparateur·se·s (automobile, vélo, informatique), une restauratrice d’art, un réalisateur de films, des agriculteur·rice·s, des maraîcher·e·s, un apiculteur… Et même un élevage de poules itinérant et une friterie !

Ah les frites, on y revient toujours. C’est le fameux cycle de la frite…

Dès qu’on évoque les frites, ça vous stimule ! En parlant d’éveiller l’intérêt : le vélo-cargo, c’est aussi un atout marketing. Beaucoup d’indépendants qui ont adopté le vélo-cargo le disent : le capital sympathie est bien plus élevé qu’avec une camionnette. Et grâce à son format, sa caisse et ses remorques qui permettent un flocage facile de la marque, le vélo constitue un outil de communication bien visible dans l’espace public.

C’est bien beau tout ça mais ça coûte combien ?

En fonction de la performance du vélo-cargo, son prix d’achat varie entre 4.000 et 10.000 € htva. L’entretien évolue de 250 € à 2.500 € htva par an, dépendant très fortement de l’utilisation qui en est faite. Et comme un vélo-cargo ne consomme pas de carburant (à part un peu d’électricité), son coût global est nettement inférieur à celui d’un véhicule utilitaire motorisé. Pour les entreprises et les indépendants, les coûts liés au vélo-cargo sont déductibles au titre de frais professionnels. Et la prime cyclo-logistique de la Région représente plus qu’un simple coup de pouce, puisqu’elle peut monter jusqu’à 50 % du prix d’achat htva (avec des plafonds selon le type de matériel et un maximum de 50.000 € sur trois exercices fiscaux). Certains opérateurs préfèrent quant à eux le leasing plutôt que l’achat, cette solution présentant pour eux deux atouts : un impact moindre sur la trésorerie, et des entretiens et réparations inclus dans le système.

Il faudrait quand-même que les pouvoirs publics montrent l’exemple.

Trois administrations communales ont à ce jour reçu une prime cyclo-logistique de la Wallonie : Liège, Hamoir et Léglise. Les vélos et remorques acquis sont testés en interne pour la livraison de matériel informatique, pour l’entretien des parcs et jardins (avec une remorque adaptée pour accueillir une tondeuse), la collecte de certains déchets dans les écoles, le collage d’affiches publiques de permis d’urbanisme ou d’environnement, la distribution de brochures à l’attention des citoyens, le repérage, l’entretien et le balisage des sentiers, le ravitaillement dans le cadre de balades organisées, etc.

Entre nous, c’est pas un peu du greenwashing tout ça ?

Pas du tout. L’intérêt environnemental de la logistique à vélo est largement démontré : 20 fois moins de grammes d’équivalent CO2 par colis comparé à une camionnette électrique, et 40 fois moins par rapport à une camionnette diesel. Ces calculs incluent tout le cycle de vie : production, utilisation et recyclage du véhicule. Enfin, s’agissant d’un véhicule léger, peu encombrant, silencieux et non-polluant pour l’air que nous respirons, le vélo-cargo participe à rendre nos espaces publics plus sains et agréables à vivre. Et pour les travailleur·se·s concerné·e·s, rouler avec un vélo-cargo électrique constitue une activité physique d’intensité modérée en extérieur, qui peut apporter une réelle plus-value en matière de bien-être et de santé au travail, compte tenu aussi du moindre stress lié aux aléas de la circulation et aux contraintes de stationnement.

Vous êtes convaincant, mais je veux en savoir plus.

Pour aller plus loin, c’est par ici :

  • La Wallonie propose une prime vélo-cargo, à l’achat de matériel destiné à la cyclo-logistique.
  • La CeMathèque n°56 (EDIWALL) est entièrement consacrée à la cyclo-logistique professionnelle.
  • La CeMathèque n°57 (EDIWALL) constitue un guide des bonnes pratiques en matière de logistique locale (et notamment de cyclo-logistique) à l’attention des communes.
2,6 % des déplacements wallons se font à vélo. On augmente ce chiffre ?
Donnée issue du Tableau de bord wallon de la Mobilité 2024